Salomé, confinée en République Tchèque
Alors que la majorité des élèves de l’Isara en stage ou séjour d’études à l’étranger ont été rapatriés en urgence suite au Covid-19, certains ont décidé de rester dans leur pays d’accueil.
C’est le cas de Salomé, élève-ingénieure en 4e année à l’Isara et actuellement en Eramus à l’Université Tomas Bata University (UTB), à Zlin en République Tchèque. Elle nous raconte son quotidien depuis le jour où tout a basculé.
« Tout a commencé le 10 mars, vers 11 heures. On a reçu un mail annonçant la fermeture de l’université, du 11 au 23 mars. J’ai eu mon dernier cours de labo ce même jour, pendant l’après-midi. Nous fabriquions des bonbons.
Les nouvelles n’arrêtaient pas d’évoluer pendant le cours. Le gouvernement a décidé de fermer toutes les écoles de la maternelle aux universités, sauf les crèches. Après, tout s’est enchaîné très vite dans les jours qui ont suivi.
Rapidement, l’état d’urgence a été déclaré avec la fermeture de tous les espaces publics (piscine, cafés…), le report ou l’annulation des voyages. On a dû annuler un week-end à Budapest. Puis très vite, le pays a fermé ses frontières et nous sommes passés au confinement, tout cela en 3 ou 4 jours seulement.
On n’a pas vraiment eu le temps d’imaginer comment cela se passerait que tout était déjà mis en place.
Nous avons eu l’autorisation de sortir dehors, pour des balades, dans la nature. Mais, c’est fortement déconseillé et pas plus de 2 personnes ensemble.
On doit aussi se couvrir la bouche et le nez à chaque fois qu’on sort de l’appart, donc dans le dortoir et dehors. Cela agit fortement sur le moral de savoir qu’on n’est pas bloqués à l’intérieur.
Le fait que le gouvernement tchèque ait pris des mesures assez fortes et assez tôt et surtout, que tous les citoyens les respectent a énormément aidé à rendre le pays plus sûr et à ralentir la propagation du virus ici.
Je reçois tous mes cours par mail, les examens sont majoritairement des rapports ou des questions à rendre d’ici fin mai/début juin. Cela me permet de m’organiser sur le long terme. C’est aussi très révélateur de la personnalité de chacun. Il faut se motiver à travailler toute seule, pour une deadline dans plusieurs mois, ce n’est pas si facile… !
Les étudiants Erasmus sont répartis dans deux dortoirs éloignés, donc je vis avec la moitié de mes copains. De cette façon, on ne ressent pas trop l’isolement. Dans les dortoirs, nous sommes deux par chambre et j’avais la chance de bien m’entendre avec la fille qui vit avec moi, mais elle est partie il y a trois jours… Il y a eu un moment difficile avec le départ de beaucoup de nos copains d’Erasmus. Chaque jour, une ou deux personnes rentraient chez elles.
Cette situation a renforcé les liens entre nous et les voir partir sans savoir quand on les reverra est assez dur. On aura passé seulement un mois et demi avec eux, dont un mois de «vrai» Erasmus où on a pu profiter librement.
Ici on vit au jour le jour, en respectant au maximum les règles et en essayant tout de même de voir nos copains. On va beaucoup se balader dans la forêt, elle est juste derrière le dortoir et c’est un des rares lieux où on peut se retrouver tous ensembles, cela nous permet de sortir. On fait également beaucoup de cuisine ensemble, on teste les façon de manger de chacun, c’est super enrichissant (et parfois très épicé) !
Il y a également le Buddy System (l’équivalent de Isarriv’ent, association d’entraide aux étudiants internationaux) qui est très actif et développé ! Ils prennent soin de nous, nous informent des nouvelles mesures, nous conseillent et nous rassurent. Ils ont dû annuler tout le calendrier des évènements prévus mais en deux semaines ils en ont recréé un nouveau pour qu’on puisse garder le contact et ne pas se sentir seul et isolé.
Le pire qui pourrait arriver c’est qu’une personne du dortoir tombe malade. Dans ce cas, les autorités nous mettraient en quarantaine stricte, interdiction de sortir du dortoir pendant 14 jours minimum. Il leur suffit de fermer les portes et je suis convaincue qu’elles le feraient et très rapidement.
J’ai mon billet d’avion de retour pour fin juin et j’espère que d’ici là je pourrais le prendre. Je ne compte pas rentrer avant. Il y a toujours un espoir qu’ils lèvent l’état d’urgence, on attend juste l’autorisation de sortir et l’ouverture des lieux publics, même si c’est seulement dans Zlin. »
Salomé Dupré, élève-ingénieure en 4e année à l’Isara