Agroécologie & Alimentation durable

Gestion des sols et des ravageurs dans les systèmes agricoles de Polynésie française

L’augmentation quantitative et qualitative de la production alimentaire locale est un des enjeux-clés de la Polynésie française. À cet égard, l’agroécologie est perçue comme une voie durable pour engager la transition des systèmes alimentaires et agricoles locaux.

Dans le cadre d’une mission commanditée par la Direction de l’Agriculture de la Polynésie française (DAG), une étude scientifique a été réalisée par Mélanie SURCHAT, étudiante en MSc Agroecology à l’Isara.

Encadrée par Jean-François VIAN, enseignant-chercheur à l’Isara et spécialiste de la gestion de la fertilité des sols, Mélanie a, durant 6 mois, mené des enquêtes qualitatives auprès de 32 fermes polynésiennes localisées sur 3 îles du territoire (Tahiti, Moorea et Raiatea).

Maraîchage bio proche de Papeete

L’objectif de ce travail était de caractériser les pratiques agricoles de gestion des bioagresseurs et d’entretien de la fertilité des sols.

Ce diagnostic a permis d’identifier des pratiques écologiques de gestion des bioagresseurs et d’entretien de la fertilité des sols et de repérer les facteurs de blocage au développement de ces pratiques, ainsi que certains leviers pour développer les pratiques agroécologiques.

Résultats

De nombreuses fermes polynésiennes mettent en œuvre une diversité de pratiques agroécologiques d’entretien de la gestion de la fertilité du sol et des bioagresseurs.

Parmi ces fermes, les pratiques agricoles les plus proches des canons de l’agroécologie ont été recensées dans des exploitations certifiées en agriculture biologique.

Ces exploitations reposent sur une diversification végétale de leurs productions et sur une réflexion de l’aménagement spatial de leur ferme.

Cependant, des freins importants ont été identifiés au développement de ces pratiques :

  • une valorisation économique trop faible de ces productions (pas de différenciation sur les marchés des produits AB),
  • un isolement des fermes sur le territoire qui limite les échanges et la diffusion des savoirs locaux et experts,
  • un manque de structuration institutionnel pour développer ces réseaux d’échanges et acquérir des références techniques et économiques des pratiques agroécologiques,
  • une faible disponibilité des semences (notamment dans les zones isolées du territoire) et un manque de petit matériel agricole pour réduire la pénibilité du travail.

Retrouvez tous les détails de cette étude en cliquant sur l’article :

Soil and pest management in French Polynesian farming systems and drivers and barriers for implementation of practices based on agroecological principles. Frontiers in Sustainable Food Systems 5: 269.
Mélanie SURCHAT1, Alexander WEZEL1, Vincent TOLON1, Tor Arvid BRELAND2, Philippe COURAND3 et Jean-François VIAN1

1Isara, Unité de Recherche Agroécologie et  Environnement, Lyon/Avignon, France
2Département des Sciences du Végétal, Faculté des Biosciences, Université des Sciences de la Vie de Norvège, Ås, Norvège
3DAG, Direction de l'Agriculture, Papeete, Polynésie française

Le programme européen PROTEGE

Afin d’accélérer la transition agroécologique des systèmes alimentaires et agricoles, le programme PROTEGE financé par l’Union Européenne a débuté en 2020 sur 3 territoires du Pacifique Sud : Polynésie Française, Nouvelle-Calédonie et Wallis & Futuna.

Un des objectifs de ce programme est la mise en place d’un réseau de fermes pilotes représentatives des systèmes de productions locaux qui mettent en œuvre les principes de l’agroécologie.

Ce réseau permettra d’acquérir des références techniques et économiques locales et de lever certains verrous techniques au développement de pratiques innovantes.

Il favorisera également des échanges de savoirs entre praticiens et conseillers et permettra d’engager l’essaimage de pratiques innovantes et durables adaptées aux conditions et problématiques locales.

En Nouvelle-Calédonie 14 fermes sont ainsi suivies et 7 en Polynésie française et à Wallis & Futuna.

L’Isara accompagne les animateurs/trices de ces fermes sur ces 3 territoires (structuration du réseau, protocoles et indicateurs de suivis, formation des conseillers…).

Fin de PROTEGE prévue en 2023 !