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L’influence de la composition des paysages agricoles sur le potentiel de lutte biologique

L’intérêt pour la lutte biologique augmente chaque année car nous connaissons de plus en plus les effets néfastes des pesticides chimiques sur la santé, mais aussi sur les écosystèmes. L’un des services les plus importants fournis par la biodiversité est la lutte biologique contre les ravageurs dans les paysages agricoles.
Dans le cadre de son Mémoire de Fin d’études*, Aline MARCASTEL, ingénieure diplômée de l’ISARA-Lyon, a étudié l’évolution du taux de prédation des cultures par leurs ennemis naturels en fonction de l’hétérogénéité des paysages agricoles : diversité des types de cultures et complexité de la forme des parcelles et longueur des bordures.
Pour notre jeune ingénieure, « il est important de trouver des alternatives aux traitements chimiques en trouvant une méthode de lutte biologique qui soit efficace. Et pour cela, j’ai choisi de comprendre les interactions entre les ravageurs et leurs proies en y introduisant la notion « d’écologie du paysage».
Mais qu’est-ce que la lutte biologique ?

C’est une méthode de lutte contre les nuisibles tels que les ravageurs des cultures (insectes, acariens, etc.), les maladies ou les mauvaises herbes grâce à des organismes vivants antagonistes, appelés agents de lutte biologique ou, plus communément, auxiliaires de cultures.
Concrètement, cette méthode se base sur l’utilisation de prédateurs, ce qui permet de ne pas faire appel à des pesticides pour traiter ses cultures.
Et l’écologie du paysage c’est quoi ?

« Actuellement nous ne connaissons pas grand-chose concernant la réponse de ces ennemis naturels en fonction de la diversité de cultures, la taille et la disposition des parcelles. C’est pourquoi j’ai concentré mon travail sur ces différents facteurs », ajoute Aline.
Lors de ses expériences sur le terrain, Aline s’est intéressée aux auxiliaires (bons insectes) qui marchent sur le sol. L’objectif de ces tests était de savoir si certaines proies étaient plus mangées que d’autres, mais aussi à quel moment de la journée celles-ci étaient consommées.
Au terme de ses 6 mois de stage, ses expérimentations ont permis de montrer que plus les cultures sont variées, plus les parcelles sont de formes et de tailles hétérogènes et plus les auxiliaires de culture jouent un rôle efficace. « En résumé, on cherche à savoir quels sont les types de paysages agricoles qui vont permettre aux auxiliaires de se reproduire, se nourrir, se loger, se déplacer sans contrainte et s’abriter et on cherche à savoir lesquels. La réponse est encore loin d’être connue car beaucoup de choses entrent en jeu».
Mais pour Aline, il est essentiel de retenir que : « le plus novateur dans cette étude c’est qu’elle s’intéresse avant tout à l’écologie du paysage et pas seulement à la lutte biologique. « Comment nos gentils auxiliaires vont-ils se comporter dans un contexte paysager différent ? Est-ce que la présence de certaines cultures ou d’un certain mélange de cultures va favoriser, ou au contraire, défavoriser les auxiliaires ? Est-ce la disposition ou la taille des parcelles a une influence sur eux ? ».

Ces résultats, s’ils sont confirmés par de plus amples expérimentations notamment dans d’autres pays européens, pourront guider les décideurs politiques à encourager une plus grande diversité de cultures, avec des tailles et des dispositions de parcelles plus complexes. Tout ceci dans l’objectif d’augmenter le potentiel de contrôle des ravageurs par leurs ennemis naturels et de réduire ainsi l’usage de pesticides.
*Mémoire de fin d’études « Prédation et préférence de proies pour la lutte biologique dans les paysages agricoles de la région de Göttingen, Allemagne » – Aline MARCASTEL, Ingénieure ISARA-Lyon (promotion 42). Etude réalisée pour GEORG-AUGUST-UNIVERSITÄT (Allemagne)
Publié dans Agroécologie