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Ingénieure ISARA, une belle carrière à l’international

Solène, Project leader chez World Coffee Research – Colombie

Après avoir grandi dans un vignoble, travailler dans l’agriculture a toujours semblé une évidence pour Solène Pruvot-Woehl. En 2015, son diplôme Ingénieur ISARA en poche, Solène démarre sa carrière professionnelle en tant que conseillère agricole en Colombie, puis chez RD2 Vision, une société de conseil fondée par Christophe Montagnon, responsable scientifique de World Coffee Research (WCR). Elle rejoint ensuite WCR où elle occupe le poste de Project leader du programme international de variétés à emplacements multiples, l’un des principaux projets de la région des Caraïbes dont l’objectif principal est de faciliter l’échange mondial des meilleures variétés de café au monde.

Interview de Solène

Quel est votre parcours académique et professionnel ?

J’ai débuté mon parcours dans un lycée de développement international. À l’époque, je voulais perfectionner mes compétences liées aux aspects techniques de l’agriculture. J’ai ensuite obtenu une licence en agronomie avec une orientation très technique (travail sur la production de cultures durables, le climat, le sol et les aspects socio-économiques de l’agriculture).

Après cela, j’ai intégré l’ISARA où j’ai eu la chance de pouvoir passer trois ans en apprentissage chez Limagrain, groupe coopératif agricole international spécialisé dans les semences de grandes cultures, les semences potagères et les produits céréaliers.

Qu’est-ce qui vous a amené à travailler pour World Coffee Research (WCR) ?

J’ai grandi dans un vignoble en Alsace, une région de l’est de la France réputée pour son vin de grande qualité. Le vin ressemble beaucoup au café : les deux proviennent de fruits ; la saveur est influencée par le terroir (sol, altitude et climat) ; une technologie similaire est appliquée (variétés, procédé post-récolte) et tous les deux sont menacés par le changement climatique. Qui plus est, j’ai toujours été attirée par les cultures tropicales.

Depuis que je suis jeune, j’ai collaboré avec plusieurs organismes humanitaires, principalement en Afrique de l’Ouest. Actuellement, je collabore avec une association de femmes pour la production de Moringa (arbre tropicale originaire d’Inde). Dès que j’ai commencé à travailler dans le café, j’ai immédiatement compris l’idée d’utiliser la science et l’innovation pour améliorer les moyens de subsistance des caféiculteurs.

Vous êtes la coordinatrice de l’essai international des variétés à emplacements multiples (IMLVT). Pouvez-vous expliquer ce que c’est ?

Pour résumer, le but de IMLVT est de faciliter l’échange mondial des meilleures variétés de café du monde. Pour ce faire, nous avons créé un réseau d’essais qui regroupe les 31 variétés de café les plus performantes.

Nous travaillons en partenariat avec des institutions nationales du café de 24 pays différents, en leur fournissant le meilleur matériel existant et en les aidant à mettre en place des essais dans différentes conditions environnementales.

L’essai nous permet également d’étudier l’interaction entre différentes gènes (par exemple différentes variétés) et l’environnement. Cela renforce nos connaissances sur les performances de chaque variété dans des conditions différentes.

Par exemple, quels sont les meilleures variétés dans des conditions très pluvieuses ou dans  les endroits les plus chauds / les plus secs ? Nous devons le savoir afin que les recommandations appropriées puissent être adressées aux agriculteurs pour les changements climatiques à venir.

Cet immense réseau permet également aux chercheurs de chaque pays participant d’interagir, de suivre l’impact du changement climatique et de fournir de bonnes variétés aux agriculteurs.

Quelles sont vos responsabilités quotidiennes en tant que responsable du programme et à quoi ressemble le programme à mesure de son avancement ?

Étant donné que nous coordonnons et formons des partenariats avec des organisations nationales spécifiques du café, je suis en contact avec chaque superviseur des essais de chaque pays participant. J’interagis également avec de nouveaux partenaires potentiels, j’établis des protocoles et je communique avec les superviseurs. Enfin, je rassemble et analyse les données.

Le programme a débuté en 2015 ; les premières données de croissance ont été analysées l’année dernière. Les prochaines étapes sont très prometteuses : je suis impatiente de recevoir et d’analyser des données de production et de qualité.

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre travail ?

J’aime travailler avec des partenaires du monde entier. C’est un réel plaisir d’échanger des idées et de recueillir leurs expériences sur le terrain pour chaque variété. J’ai la chance de les rencontrer et de visiter les sites partout dans le monde. Le défi est énorme et il est stimulant de trouver des solutions telles que la génétique permettant au café de pousser dans ce nouveau climat et d’assurer sa rentabilité aux agriculteurs.

Interview extrait de  World Coffee Research