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Des pratiques agroécologiques pour favoriser la biodiversité

Dans le cadre du programme de recherche PRADIV (Pratiques agroécologiques favorisant la biodiversité), une équipe de recherche de l’Isara a mis en place une pratique destinée à introduire plus de biodiversité dans les cultures de maïs. Cette pratique a été imaginée par Aurélie Ferrer, Dr en Ecologie et enseignante-chercheure à l’Isara et Sandrine Leblond, Responsable Biodiversité chez BASF et fait l’objet du projet de thèse de Doctorat de Coralie Triquet. L’expérimentation sur le terrain a démarré en 2019 sur 5 parcelles d’agriculteurs volontaires. 2020 marque la deuxième phase de tests, avec 7 parcelles et 6 agriculteurs pour cette année.

L’expérience consiste à implanter, avant les cultures de maïs, un mélange particulier de plantes attractives pour les pollinisateurs (navette, phacélie et trèfle d’Alexandrie) puis à laisser une bande de ce couvert au milieu de la parcelle afin que les plantes puissent parvenir jusqu’à la floraison. Cette bande peut ainsi fournir, de la fin de l’hiver jusqu’au début de l’été, du pollen et du nectar aux pollinisateurs (abeilles domestiques et sauvages, bourdons, syrphes, papillons…). Elle peut également constituer un refuge et devenir ensuite une source d’arthropodes prédateurs qui permettront de réguler les populations d’herbivores qui se nourrissent du maïs.

Les principaux herbivores ciblés sont ici les limaces et les taupins, qui peuvent faire d’importants dégâts aux premiers stades de la croissance du maïs.

Les investigations menées sur le terrain par les équipes de recherche consistent d’une part en l’étude des pollinisateurs qui fréquentent la bande de couvert.

Armée de son filet à papillon, Coralie Triquet, doctorante à l’Isara, attrape les individus qu’elle voit butiner puis les ramène au laboratoire pour identifier les abeilles à l’espèce car il en existe plusieurs centaines en France.

D’autre part, des pièges installés aux stades critiques de sensibilité du maïs permettent de quantifier la présence des taupins et des limaces, ainsi que des auxiliaires pouvant les réguler, et ce dans la bande aussi bien que dans le maïs.

Je teste une pratique agroécologique innovante qui consiste à conserver une bande de couvert d’interculture fleuri au centre des parcelles cultivées en maïs. J’évalue son effet sur la biodiversité, l’objectif étant de fournir un habitat et des ressources pour les auxiliaires de culture et les pollinisateurs, mais aussi de sensibiliser les agriculteurs à la préservation de la biodiversité dans leurs systèmes de culture. Coralie Triquet

Limace Léopard (Limax maximus)

Les limaces sont dénombrées grâce à des pièges matelassés humides sous lesquels elles viennent se coller. Il suffit alors de les compter le lendemain matin. Les taupins et les auxiliaires sont collectés dans des pièges à fosse dans lesquels ils tombent lors de leurs déplacements à la surface du sol. Ils sont ensuite comptés au laboratoire.

Les auxiliaires étudiés sont ici les staphylins, les araignées identifiées à leur famille, les opilions (faucheux) ainsi que les carabes, identifiés à l’espèce par Anthony Roume, spécialiste en Entomologie et Ecologie du paysage à l’Isara. Ces comptages sont également complétés par l’évaluation de l’intensité de prédation à l’aide de proies sentinelles, en l’occurrence des fausses chenilles faites de pâte à modeler, qui sont placées aux mêmes endroits que les pièges. Elles enregistrent les marques des mandibules ou des chélicères des arthropodes qui les « attaquent » et permettent ainsi de quantifier l’intensité de la prédation à ces endroits par les groupes d’auxiliaires qui nous intéressent.


Photos prises sur le terrain par Coralie TRIQUET

Bombus groupe terrestris sur Phacélie (bourdon chargé de pollen)
Thomise dégustant une andrène femelle sur navette
Petite coccinelle sur navette

Grande tortue (Nymphalis polychloros) sur trèfle
Repas du meloé (Méloé sp.)
Clairon (Trichodes alvearius) sur Phacélie

L’équipe de recherche Isara

Aurélie FERRER
Aurélie Ferrer
Dr en écologie et spécialiste en Entomologie
Coralie TRIQUET
Coralie Triquet
Doctorante à l’Isara
Anthony ROUME
Anthony Roume
Dr en Entomologie